Rue Saint-Bernard
La façade principale, sur la rue Saint-Bernard
Les habitants du faubourg Saint-Antoine devaient, jusqu’au début du XVIIe siècle, se rendre à l’église Saint-Paul-Saint-Louis pour assister à l’office. En 1624, Jean de Vitry, seigneur de Reuilly, fit don d’un terrain à Antoine Fayet, curé de la paroisse, afin de faire bâtir une chapelle dans ce quartier de maraîchers et d’artisans.
Cette chapelle, dédiée à sainte Marguerite, fut dotée de deux bas-côtés en 1660 et prolongée de trois travées entre 1669 et 1679. On entreprit, en 1703, la construction du bras nord du transept, qui contient la chapelle Saint-Joseph, puis du bras sud, en 1724, avec la chapelle de la Vierge. L’année suivante, on édifia la sacristie à l’est du transept et, en 1737, les travées du chœur, plus élevé que la nef et terminé par un mur plat. Un clocher assez massif, édifié à l’initiative de l’abbé Charles-Bernardin de Laugier de Beaurecueil (1712-1794), se dresse à l’angle du chœur et du bras sud du transept.
En 1760, l’architecte Victor Louis (1731-1800) reçut la commande d’une spectaculaire chapelle, dédiée aux Âmes du Purgatoire, qu’il éleva sur le flanc opposé à la sacristie.
En 1832, on éleva le baptistère et la façade principale de l’église Sainte-Marguerite. De style néoclassique, la façade est scandée de pilastres colossaux à chapiteau dorique, qui encadrent une grande porte axiale et deux petites portes latérales. Les pilastres soutiennent un bel entablement orné d’une frise à métopes et triglyphes, couronné d’un fronton pointu.
La façade du bras sud du transept
Sur le flanc sud, les bas-côtés et la façade du transept donnent sur le square Raoul-Nording, aménagé à l’emplacement d’une partie de l’ancien cimetière paroissial. Ce cimetière, qui s’étendait au sud et au nord de l’église, fut amputé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, lorsqu’on bâtit la chapelle des Âmes-du-Purgatoire. Désaffecté en 1804 et fermé définitivement en 1806, son emplacement est réduit à une cour où l’on peut encore voir quelques pierres tombales.
Plusieurs centaines de personnes guillotinées pendant la Terreur furent inhumées au cimetière de l’église Sainte-Marguerite. On y ensevelit, en 1795, le corps du Dauphin, fils de Louis XVI, deux jours après sa mort dans la prison du Temple. Malgré des recherches menées sous la Restauration, puis en 1846 et 1894, puis encore en 1979, ses restes ne furent jamais authentifiés.
Rue Charrière
Le chevet de l’église et la grande chapelle des Catéchismes
Le pignon du chevet regarde la rue Charrière. De ce côté, en 1831, on implanta un bâtiment tout en longueur sur les anciens charniers pour abriter la grande chapelle des Catéchismes.
Square Raoul-Nording
La Vierge à l’Enfant
L’église Sainte-Marguerite fut d’abord une succursale de Saint-Paul-Saint-Louis, avant d’être érigée en paroisse en 1712. Premier prêtre de cette nouvelle paroisse, Jean-Baptiste Goy (1666-1738) s’attacha à achever l’église et à l’embellir. Ancien pensionnaire de l’Académie de France, à Rome, il est probablement l’auteur des reliefs sculptés dans les frontons couronnant les façades du transept. Ces deux reliefs représentent, au nord, Les Pèlerins d’Emmaüs et, au sud, La Vierge à l’Enfant.
La nef
Les portes de la façade principale s’ouvrent sur un vestibule ou narthex, puis sur les travées de la nef et des bas-côtés. Ces trois vaisseaux sont délimités par de grandes arcades en plein cintre, qui s’appuient sur des piliers doriques.
La nef est coiffée d’une voûte en demi-cercle, renforcée par d’étroits doubleaux, qui retombent sur une corniche moulurée. Cette voûte est percée d’oculi, dont les vitraux décoratifs de style « néo-rocaille » ont été réalisés par l’atelier Royer en 1923.
Charles Dorigny (mort à Paris en 1551)
La Descente de Croix, 1548, Paris, église Sainte-Marguerite
De nombreux tableaux de maîtres et quelques sculptures, provenant souvent d’églises détruites à la fin du XVIIIe siècle, sont conservés à Sainte-Marguerite.
Le mur occidental de l’avant-nef, côté nord, est orné d’un rare tableau de Charles Doriginy, peintre de l’Ecole de Fontainebleau, tiré de la chapelle d’Orléans de l’église abbatiale du couvent des Célestins. Ce tableau, achevé en 1548, représente une Descente de Croix : l’artiste a placé, au centre de sa composition, le corps blafard du Christ, soutenu par Joseph d’Arimathie, alors que Nicodème désigne le tombeau du supplicié.
Le tombeau d’Antoine Fayet
Le tombeau d’Antoine Fayet (mort en 1634), fondateur de l’église Sainte-Marguerite, se trouve également dans l’avant-nef. Le gisant du défunt est posé sur une grande table de marbre noir, qui repose sur quatre anges éplorés.
Le bas-côté sud
Dans l’avant-nef, côté sud, Le Massacre des Innocents de Francesco de Rosa (1607-1656), dit « Pacecco », forme une sorte de pendant au tableau de Dorigny. Dans cette peinture composée vers 1600, « Pacecco » met en scène un tumulte de corps d’hommes, de femmes et d’enfants : les soldats d’Hérode portent les coups fatals et les mères pleurent, crient ou essaient de s’interposer pour protéger leur nouveau-né.
Deux petits tableaux de Pierre-Félix Trézel (1782-1855), représentant une Déposition et un Portement de Croix, sont également accrochés de ce côté de l’avant-nef. Deux figures d’ange sont posées sur des socles, dans le bas-côté sud.
Le bas-côté sud abrite également la grande stèle d’un Monument aux Morts « A la Mémoire / des Habitants du XIe arrdt de Paris / Paroissiens de Sainte-Marguerite / Morts pour la France » pendant la Première guerre mondiale. De part et d’autre, les vitraux des fenêtres rendent hommage aux soldats de 14-18, avec ces mots : « A nous le souvenir » et « A eux l’immortalité ».
La chapelle Saint-Joseph
Le bras nord du transept est occupé par la chapelle saint Joseph, qui est également dédiée à sainte Marguerite. La figure de la sainte, sculptée par Charles-François Lebœuf-Nanteuil (1792-1865), est placée sous un grand tableau du peintre Pierre-Antoine Vafflard, qui montre Sainte Marguerite chassée par son père.
L’architecture classique de l’autel intègre la statue de Joseph : elle est encadrée de deux colonnes cannelées à chapiteau ionique, qui soutiennent entablement et fronton. Les tableaux des panneaux latéraux représentent, d’un côté, L’Apothéose de saint Vincent de Paul, et de l’autre, Saint Ambroise présentant à Dieu la lettre de Théodose. Le premier tableau est une copie d’après le frère Jean André (1662-1753), et le second, une œuvre autographe de Louis Lagrenée (1725-1805).
La chapelle Saint-Joseph est également décorée de tableaux que l’abbé Jean-Jacques Dubois, curé de la paroisse au début du XIXe siècle, parvint à récupérer à la maison mère des Lazaristes. Ils représentent Saint François de Sales nommant saint Vincent de Paul supérieur des Dames de la Visitation (1732), par Jean II Restout (1698-1768), et Saint Vincent destinant les Lazaristes à prendre soin des soldats (1731), par Jean-Baptiste Féret (1664 ? – 1739).
La chapelle de la Vierge
D’autres tableaux du même cycle de peintures consacré à la vie de saint Vincent de Paul, sont présentés dans la chapelle de la Vierge, qui occupe le bras sud du transept. Les tableaux les plus éloignés, peints par le frère André, montrent Vincent en compagnie d’Anne d’Autriche et prêchant à l’Hospice du Saint-Nom de Jésus. Le grand tableau de Louis Galloche (1670-1761) le représente à l’Institut des Enfants-Trouvés, s’adressant à des dames de charité.
Le bas-côté sud, vers la chapelle Saint-Vincent-de-Paul
Les deux bas-côtés de la nef se terminent par des chapelles, situées d’un côté et de l’autre du chœur : le bas-côté nord mène à la chapelle du Sacré-Cœur et le bas-côté sud, à la chapelle Saint-Vincent-de-Paul.
Eustache Nourrisson (v. 1654-1706) et Robert Le Lorrain (1666-1743)
Le Christ descendu de la Croix, v. 1698-1706, Paris, église Sainte-Marguerite
Baigné de lumière grâce aux verrières blanches des baies latérales, le chœur de l’église est rythmé de pilastres doriques, qui soutiennent un bel entablement, avec frise et corniche à denticules. La fenêtre axiale possède un vitrail à l’effigie de sainte Marguerite, exécuté en 1882 par le peintre verrier Henri Carot (1850-1919).
Le grand relief est un vestige du monument funéraire conçu par le sculpteur François Girardon pour son épouse Catherine Duchemin. Le tombeau de la défunte, réalisé par Nourrisson et Le Lorrain, se trouvait dans l’église Saint-Landry, sur l’Île de la Cité. Fermée en 1791, puis vendue comme « bien national », Saint-Landry devint un atelier de teinturerie avant d’être démolie en 1829. Démonté à la fin du XVIIIe siècle, le tombeau de Catherine Duchemin fut préservé au musée des Monuments Français, puis remonté, en 1817, contre le mur absidial de l’église Sainte-Marguerite.
La chapelle des Âmes-du-Purgatoire
En 1760, l’abbé Laugier de Beaurecueil confia à l’architecte Victor Louis (1731-1800), dont il avait fait la connaissance à Rome, la construction d’une nouvelle chapelle consacrée aux Âmes du Purgatoire. Clairement inspirée des monuments de l’Antiquité romaine, la chapelle des Âmes-du-Purgatoire se développe au-delà d’une grille en ferronnerie.
Cette vaste salle voûtée, éclairée par une grande ouverture pratiquée au zénith, est entièrement décorée de peintures en trompe-l’œil. Elle est ornée d’un retable d’autel monumental, qui resplendit au-delà d’un arc triomphal feint.
Le décor en trompe-l’œil
Paolo-Antonio Brunetti (1723-1783) réalisa en trompe-l’œil les caissons de la voûte, le grand arc et son pseudo-décor sculpté, les colonnes soutenant l’entablement, les sarcophages et les cassolettes, la colonnade des murs et les draperies ornementales.
Ce peintre-décorateur était le fils de Gaetano Brunetti (mort en 1758), qui avait collaboré avec Charles Natoire au décor de la chapelle des Enfants-Trouvés de l’Hôtel-Dieu (détruit). Attaché à la Comédie-Française, Paolo-Antonio imagina, en 1748, les peintures représentant des personnages dans un décor d’architecture pour l’escalier de l’Hôtel de Luynes. Ce décor illusionniste, sauvé par la Commission du Vieux-Paris avant la démolition de l’hôtel particulier en 1900, a été remonté, en 1909-1911, au musée Carnavalet.
Le retable d’autel
A Sainte-Marguerite, Brunetti fut associé au peintre d’histoire Gabriel Briard (1725-1777), qui composa, à la manière de Rubens, le grand tableau sur le thème du Passage des Âmes du Purgatoire au Ciel. Briard est aussi l’auteur des frises à l’imitation des bas-reliefs gréco-romains et toutes les figures allégoriques à l’imitation du marbre.
Le programme iconographique de la chapelle évoque la mort et l’espérance de la résurrection. La lecture débute sur le revers de l’entrée, avec Adam et Eve chassés du Paradis, accompagnés de la légende : STIPENDIUM PECCATI MORS (« La mort est le tribut du pêché »). Elle se poursuit sur les parois latérales, avec les frises consacrées à la mort et aux funérailles de Jacob, ainsi qu’avec les figures allégoriques de La Vanité du monde terrestre.
Les figures allégoriques du décor en trompe-l’œil
Les figures allégoriques des parois latérales se tiennent debout sur leur socle, avec l’intervalle d’un entrecolonnement laissé libre. Du côté droit, depuis l’entrée jusqu’à l’autel, Gabriel Briard a peint en trompe-l’œil La Postérité d’Adam, La Jeunesse, La Force de l’âge, La Vieillesse et La Brièveté de la vie (pour Les Différents Âges de la vie), puis L’Espérance (disparu).
Du côté gauche, depuis l’entrée jusqu’à l’autel, Briard a peint en trompe-l’œil La Pauvreté, Les Richesses, La Gloire ou Les Honneurs, La Vanité et La Fragilité, puis Le Parfait chrétien (disparu).
Les Vertus
Les Vertus cardinales (Prudence, Justice, Force et Tempérance) et les Vertus théologales (Foi, Espérance et Charité) encadrent le retable d’autel.